Nutrition et Santé : Maîtriser l'art de décrypter les étiquettes alimentaires
Héloïse Raymond
Doit-on se fier au Nutri-Score, lire le tableau nutritionnel ou décortiquer tous les ingrédients listés sur les étiquettes alimentaires ?


Si vous vous êtes déjà senti perdu devant les méandres des étiquettes alimentaires et les caractères minuscules qui y figurent, vous n'êtes pas seul. Pourtant, savoir lire et comprendre ces informations est essentiel pour manger mieux et faire des choix éclairés.
Voici un guide pratique pour décrypter les outils d'étiquetage et les mentions non obligatoires que les industriels utilisent pour vous influencer.
1. Le Tableau Nutritionnel : La base obligatoire
Le tableau nutritionnel est un outil très intéressant pour comparer plusieurs aliments et, par exemple, choisir celui qui est le moins riche en sel ou en sucre.
Depuis 2016, il est obligatoire de mentionner les informations nutritionnelles sur les produits préemballés (avec quelques exceptions, comme les alcools de plus de 1,2%, le café, le thé, ou les aliments non transformés qui ne contiennent qu'un seul ingrédient).
Ce tableau doit obligatoirement inclure les éléments suivants, exprimés en quantités par 100 g ou 100 ml de produit :
• La valeur énergétique (les calories, en kcal et kJ).
• La quantité de graisses (lipides), incluant la quantité d’acides gras saturés (à limiter).
• La quantité de glucides, incluant la quantité de sucres simples (à limiter).
• La quantité de protéines.
• La quantité de sel (à limiter, l'objectif étant de ne pas dépasser 5 g par jour).
Le fabricant a également la possibilité d'y ajouter d'autres informations, comme les fibres alimentaires (à favoriser, l'objectif étant d'atteindre 30 g par jour), ou encore les vitamines et sels minéraux.
Attention aux portions ! Les fabricants peuvent exprimer les valeurs nutritionnelles par portion, mais ils choisissent eux-mêmes la taille de cette portion. Parfois, ces portions peuvent être "ridiculement petites".
2. Le Nutri-Score : Un outil de comparaison rapide
Le Nutri-Score a été développé en France et est également utilisé en Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Pays-Bas et Luxembourg. Son objectif est de permettre au consommateur d’évaluer rapidement la qualité nutritionnelle d’un produit grâce à un logo allant de A (meilleur) à E (moins bon).
Cependant, il est important de savoir que le Nutri-Score est facultatif.
Les limites du Nutri-Score
Malgré sa bonne intention, le Nutri-Score est une information partielle. Il tient compte de la teneur en fruits et légumes, légumineuses, fibres, noix et protéines (qui augmentent les "bons" points), ainsi que de la teneur en sucres, sel, graisses saturées et calories (qui augmentent les "mauvais" points).
Toutefois, le Nutri-Score ne prend pas en considération les additifs. Par exemple, un soda light peut afficher un meilleur Nutri-Score (tel que "B") qu'une huile d'olive bio, car le Nutri-Score est calculé pour 100 g ou 100 ml et non par portion, sans prendre en compte les édulcorants et colorants présents dans le soda.
Conclusion : Le Nutri-Score est un outil intéressant pour comparer des aliments similaires (comme deux marques de biscuits), mais il n'est pas pertinent pour comparer des aliments différents (comme un jus d'orange et une huile).
Le Classement Nova, un complément important
Pour obtenir des informations plus complètes, vous pouvez compléter l'évaluation du Nutri-Score avec le classement Nova (utilisé par OpenFoodfacts, bien qu'il ne soit pas affiché sur les étiquettes). Ce système classe les aliments en 4 catégories selon leur niveau de transformation, allant de 1 (non ou peu transformés) à 4 (ultra-transformés).
C'est un indicateur crucial, car plusieurs études montrent un lien clair entre la consommation de produits ultra-transformés (qui peuvent représenter 50 à 90 % des nutriments consommés dans les pays d'Europe Centrale et du Nord) et un risque accru de mortalité.
3. La Liste des Ingrédients : Gare aux surprises
La liste des ingrédients est également obligatoire pour la plupart des produits.
L'ordre de la liste : Les ingrédients sont toujours rangés par ordre décroissant de quantité. L'ingrédient le plus abondant est donc toujours mentionné en premier. Si les sucres (saccharose, sirop de glucose, fructose, etc.) ou les graisses apparaissent en tête de liste, soyez méfiant.
La longueur de la liste : Évitez les listes à rallonge, souvent synonymes d'additifs en tout genre. Un conseil est de limiter les produits contenant trop d'ingrédients (pas plus de 3 ou 4 pour un produit brut). L'ingrédient doit être l'aliment.
Les additifs : Ils sont classés par la lettre « E » suivie de 3 chiffres (par exemple, E100 à E180 sont les colorants, E200 à E297 sont les conservateurs).
Les allergènes : La présence d'allergènes doit être mise en évidence dans la liste des ingrédients (par exemple, en gras ou surligné).
La question à se poser : Lorsque vous lisez une étiquette, demandez-vous :
« Si je prépare le plat moi-même, j'y mets quoi ? »
4. Se méfier des Allégations Nutritionnelles et de Santé
Les allégations sont des messages (textes, images) non obligatoires que les producteurs affichent pour mettre en avant les avantages de leur produit et influencer vos choix.
Allégations Nutritionnelles
Elles suggèrent que l'aliment possède des propriétés nutritionnelles bénéfiques (par exemple, « riche en vitamines », « sans sucres ajoutés »).
• « Sans sucres ajoutés » : Le produit n’a pas reçu de sucres additionnels (miel, sirop, saccharose), mais il peut contenir le sucre naturellement présent dans les ingrédients (comme dans un jus de fruits 100 % pur jus).
• « Riche en » : Cette mention ne peut être utilisée que si le produit contient au moins 30 % de l’élément concerné (vitamines, fibres, etc.).
• « Light » ou « Allégé » : Cela signifie que la réduction en calories, sucres ou graisses est d'au moins 30 % par rapport à un produit similaire dit "de référence".
Méfiance : Un produit « allégé en graisse » peut souvent contenir plus de glucides (comme l'amidon), et un produit « allégé en sucres » peut contenir plus de matières grasses. De même, un aliment déclaré « riche en fibres » peut être en parallèle bourré de sucres et de matières grasses.
Allégations de Santé
Elles suggèrent qu'un aliment a un effet sur le corps (exemples : « favorise le transit intestinal », « bon pour la mémoire »). Ces allégations sont fortement réglementées depuis 2012 et ne peuvent être utilisées que si elles ont été autorisées au niveau européen.
En Conclusion
L'étiquetage alimentaire est en grande partie une solution à un problème que l’industrie agroalimentaire a elle-même créé. Pour vous simplifier la vie, la meilleure approche est de revenir à l’état naturel sur des produits bruts.
En privilégiant les aliments bruts (achetés chez le maraîcher, le boucher ou directement dans votre potager), vous vous rapprochez de l'essentiel et vous assurez une meilleure santé au quotidien.